Samedi 12 octobre

Je sors du collège dépité. Non pas parce que je suis sorti une heure plus tard qu’à l’accoutumée, mais parce que ça n’a servi à rien.

Aujourd’hui, nous avons enfin vu les parents d’Evilan. Il y avait ses deux profs principaux, la principal adjointe, et la CPE. Et Evilan, bien sûr. Les yeux baissés, sagement assis. Nous avons expliqué. Les problèmes de comportements, nos inquiétudes, évoqué des raisons possibles. Proposé des interlocuteurs. Et remis, également un avertissement quant à son comportement. Evilan s’est engagé, d’une voix neutre. Ne plus agresser ses camarades. Ne plus hurler en classe. Ne plus amener de pétards dans l’établissement. Essayer d’amener son matériel.

Et pendant tout ce temps, une impression qui me taraude : tout cela est vide. Chacun récite ses répliques, Evilan le premier. Demain – et l’avenir me donnera raison – il se comportera exactement de la même façon. Parce que les sources de son comportement son profondes. Parce que ça va être un défi, qui n’est même pas sûr d’être remporté, de parvenir à ce qu’il trouve sa place dans le collège. Et je ne suis pas le seul à le penser. La principale adjointe se tourne vers nous, une fois la famille partie.

« Bon. Il faut commencer par ça, hein. »

Commencer par ça. Par cet espèce de rituel, dans lequel on lève le doigt, sentencieusement, on remet des papiers, on parle de façon tellement générale. En sachant qu’après, il va falloir trouver les bons interlocuteurs, les bons moments. Qu’un jour, on trouvera une façon de ramener Evilan vers la classe. Que certaines semaines, on voudra le balancer par la fenêtre. Qu’il y aura trois pas en avant et deux en arrière. Bref, que ce sera dur.

Et ça doit commencer par de l’inutile ?

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