Vendredi 8 novembre

Cours en demi-groupe. Cette heure du vendredi n’est jamais la meilleure avec les sixièmes Feunard, classe pourtant éminemment sympathique. Ils viennent à peine de se réveiller, c’est le dernier jour de la semaine, ils on EPS juste après. Bref, cette heure de français coincée entre tout un tas de contingences ne leur plaît pas beaucoup.

Alors apprendre à lâcher.

C’est quelque chose que j’ai beaucoup de mal à faire, à l’accoutumée. Les voir dissipés quand ils m’ont montré qu’ils sont capables de beaucoup m’agace. Faire face à un obstacle supplémentaire en fin de semaine me casse les pieds. Mais si je me contente de m’époumoner « On se tait, on prend son cahier », ça ne changera rien.

Alors apprendre à lâcher.

Je ne me relance pas dans un énième monologue sur le fait de devoir apporter son matériel, ou une autre leçon de morale.
« Donc, la lecture à l’oral. Vous savez, quand on vous dit que la voix doit tomber à la fin d’une phrase ? Vous trouvez pas ça un peu bizarre ?
– Ah si monsieur, ça fait une voix chelou ! »

M. a tendance à dire que je suis toujours de bonne humeur, face aux mômes, quand il m’observe en classe. Ce qu’il ignore, peut-être, c’est combien cette bonne humeur me coûte, mais aussi qu’elle est un pari. Cette bonne humeur, c’est une main sans cesse tendue vers les mômes. En espérant qu’ils finissent par s’en emparer. Et ce matin, ça fonctionne. Petit à petit, toutes et tous explorent la carte mentale où j’ai inscrit les critères d’une bonne lecture. S’entraînent. Sur un mot, une phrase, une page. Même Kilyan, qui a décrété bien fort en entrant que le français, c’est tellement moins bien que les maths.

Apprendre à lâcher. Il n’y aura ni sérénité ni grande révélation. Mais ils apprendront.

Laisser un commentaire