Mardi 19 septembre

« C’est marrant, quand tu t’énerves rapidement, parfois. Genre « je suis le prof sympa, mais pour que ça reste comme ça, faut jouer le jeu. »

Je bafouille un truc sans intérêt en réponse à l’analyse que M. vient de faire, suite à l’heure de cours qui s’est écoulée et à laquelle il était présent. Le fait est que, malgré les années qui s’écoulent, je reste foutu incapable de me décentrer, lorsque je suis face à mes élèves. De me voir, tel que je leur enseigne.

Non, ça n’est pas tout à fait ça.

Je ne veux pas.

J’ai la certitude que si j’étais capable de me voir à la troisième personne, si quelqu’un foutait une caméra dans la classe et me forçait à regarder ensuite la vidéo, je me consumerais de honte, et je démissionnerais sur-le-champ. Bien entendu, c’est une peur irrationnelle, mais elle est présente. Et de tous les défauts dont mon enseignement est perclus, celui-ci reste un sacré mystère. Je n’hésite jamais à être dans l’excès ou le ridicule, pour faire réagir les élèves ou les réveiller le matin à huit heures.

Mais m’imaginer en train de faire ces actions, être le spectateur de mon personnage me remplit d’une terreur honteuse, que je ne m’explique pas. Moi, le théâtreux narcissique. Bizarre, quand même. Un nouveau jour, une nouvelle contradiction.

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