Samedi 23 novembre

C’est la période durant laquelle je suis le plus vulnérable, la période durant laquelle je suis le plus proche de mes vieux démons.

Sur trois de mes classes, deux sont entrées dans une phase de contestation. De volonté de prendre le contrôle : négociations dès qu’il s’agit de faire un truc (mais que pour les trucs horribles, genre ouvrir son cartable ou découper une feuille), ricanements, tentatives de faire une connerie dès que je détourne le regard.

Et dans ces moments-là, la tentative de plonger dans ce que je ne suis pas est grande : punir, passer une gueulante à la classe, leur faire la gueule et vidéoprojeter le cours pendant une heure. Et ce serait con de ma part.

Je ne dis pas que ces gestes sont inefficaces. Mais, comme tous les gestes que l’on fait en classe, ils s’inscrivent dans une économie. Un personnage. La punition, ça nécessite un service après-vente de vérification, de conception, que je suis très mauvais pour effectuer. Et ça attaque ma crédibilité. Même chose pour leur faire la gueule. Dans trois minutes, je vais sourire à un truc qu’ils auront dit ou balancé une anecdote marrante.

Ma façon de gérer la classe n’est ni meilleure ni pire qu’aucune autre. Mais, comme toutes les autres, elle doit être cohérente. Ne jamais l’oublier, et surtout à cette période, où elle est à son plus faible : expliquer, encore et encore, que c’est à eux qu’ils nuisent avec cette attitude. Faire appel à leur intelligence, ne pas céder à l’envie de gueuler, ramener sans cesse le cours, de façon simple, exigeante et précise. Depuis que j’applique cette méthode rigoureusement, ça fonctionne, tous les ans. Même si je n’évite jamais cette traversée du désert.

Courage. Se rappeler que ça aussi, ça passe.

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