
Les cinquièmes Astronelle ont été exemplaires durant cette séance de lecture théâtrale. Là où il est souvent difficile de les faire avancer d’un seul pas, ils se sont montrés d’une motivation absolue. Tout le monde a essayé de participé, toutes et tous avaient des idées pour cette mise en scène. Beaucoup de bonheur de les voir entrer dans l’œuvre.
Du bonheur et aussi de la méfiance. Appelons-ça âge, expérience, amertume ou je ne sais pas quoi, mais je ne ressens plus cette euphorie des premiers temps. Il y a quelques années, ça m’aurait donné des ailes. Et je me serais lancé dedans à corps perdu, j’aurais freiné, et pris cette bretelle : tous vers le théâtre. Je sais que ça me plairait.
Plus maintenant.
Je me vois évoluer plus prudemment. Sans rancœur ni rancune, je pense qu’ils ne l’ont pas encore mérité. Que confier les inflexions de ce que je leur apprends à leurs caprices n’est pas un services à leur rendre. Ils aiment ça. Ça les rend heureux. J’ai besoin qu’ils se rendent compte que c’est précieux, que ça se mérite. J’ai besoin, moi aussi, de juguler mon enthousiasme démesuré, qui renverse des trucs un peu partout. Je m’en suis rendu compte il y a peu, les cinquièmes Astronelle ont besoin de ce cadre qui les rassure. Je ne parviens pas encore à le mettre en place à chaque cours. Alors même si c’est chiant, même si ça me frustre et que ça les frustre, non, ils ne deviendront pas la classe théâtre ni moi Robbin Williams. Parce que me résonne aux oreilles, toujours, le rire et les paroles de Monsieur Vivi, avec qui nous avons crée les projets les plus fous, les plus démesurés, et qui ont fonctionné : « Tu fais petit, et tu vois si ça fonctionne. Puis tu agrandis un peu. Et un peu. »
Doucement.