
Et donc, c’est ainsi que les vacances commencent.
Comme souvent, je me retrouve à bout de souffle. Terminant cette semaine de boulot en allant chercher au fond de mon énergie, puis enchaînant sur ces soirées entre collègues, durant lesquelles les nerfs relâchent.
J’en parle avec P., que j’ai rencontré récemment. Nous sommes en train de devenir amis et ça me ravit à un point que je ne m’explique pas. P. est avant tout musicien et quand il enseigne, c’est surtout à des adultes. Il écarquille donc un peu ses yeux très clairs derrière de grandes lunettes quand je prends l’analogie d’une machine qui n’aurait plus d’huile dans ses rouages. La mécanique tourne encore mais ça grippe, ça frotte. Je ne parviens plus à prendre le moindre recul sur rien, et la moindre contrariété m’atteint à un point ridicule. Plusieurs fois, je m’enferme pour éclater en sanglots. Ces larmes ont le piquant de la frustration et de la fatigue, bien plus que de la tristesse.
Mais ces larmes ont perdu de leur injustice. Je sais que je suis brûlé. Je sais aussi que cet état est temporaire. Et aujourd’hui, alors que je reste seul avec le bruit de mon souffle, qui tente de retrouver sa régularité, je sais ce qu’il faut faire : être quelqu’un d’autre. Écrire, jouer, marcher. Se recoudre, avec beaucoup de gentillesse. Être doux avec soi. Si l’on veut traverser les années de ce métier, c’est capital.