
Cours avec les cinquièmes Astronelle. Depuis le retour des vacances, il y a quelque chose qui semble avoir changé, dans mon rapport avec eux. Peut-être est-ce parce que nous sommes passés par tous les stades possibles du conflit, mais il y a quelque chose de plus apaisé, dans nos relations. Même lorsque les cours ne sont pas des plus ludiques à première vue, comme dans cette étude d’un épisode du Roman de Renart.
« Et comme vous l’avez compris, le talent principal de Renart est…
– La flatterie.
– En levant la main c’est encore mieux, mais voilà. Et ce texte en fait à la fois l’éloge et le blâme parce que…
– C’est quoi le blâme ? Oui, pardon monsieur, en levant la main.
– C’est expliquer en quoi quelque chose ou quelqu’un est négatif. Oui Alonso ?
– Comme quand Ollie essaye de vous flatter et que vous l’envoyer ch…
– Attention…
– Que vous lui dites que c’est pas bien ?
– Exactement.
– C’est vrai, vous aimez pas quand on vous complimente monsieur. Et vous nous complimentez pas aussi.
– Non plus.
– Non plus.
– Vous aimeriez plus de compliments ?
– Eh non, ça va en vrai. »
Comme d’habitude, ils sont mes observateurs les plus fins. Moi qui suis toujours beaucoup trop emphatique dans mon rapport aux élèves, à me rouler par terre quand ils trouvent un adjectif, j’ai totalement arrêté ça avec eux. On s’est tellement affronté, tellement pougné depuis le début de l’année que rien de fort ne subsiste. Rien qu’un sentiment étrange de calme, pas assez doux pour être qualifié de sérénité. Et tant que dans ce no man’s land, je peux leur enseigner, alors je suis satisfait.