
Je crois que j’ai compris ce que j’apprécie tellement chez les sixièmes Feunard : ils arrivent à rester des enfants. Et c’est loin d’être gagné, quand on se retrouve dans un collège. Dans un grand collège. Dans un grand collège situé en « quartier difficile. »
Les sixièmes Feunard courent dans les couloirs, non pour semer un AED, mais parce qu’ils ont hâte d’arriver en cours. Ils sourient, ils sourient vraiment en arrivant en cours ou quand on se croise dans les couloirs. Et cachent leurs rires derrière leur bouche quand un camarade ou un prof fait une blague. Les sixièmes Feunard sont assez peu intéressés par le drama et davantage par la façon dont Luna a réussi à mettre ces petites animations sur le diaporama de son exposé. Ils présentent, tour à tour, tous les épisodes de « Journal d’un dégonflé » en classe, juste parce que la série leur plaît et qu’ils se la passent mutuellement.
Les sixièmes Feunard ne sont pas les meilleurs en classe. Il faut leur expliquer longuement pour qu’ils pigent les règles de grammaire, ils baissent vite les bras devant un texte un peu complexe. Mais ils ne protestent pas quand je refuse de lâcher. Et même si l’heure est laborieuse, il quitteront toujours la salle doucement, en me racontant une anecdote personnelle ou en voulant savoir quelle est la taille de ma chemise Ectoplasma, parce qu’ils aimeraient en avoir une toute pareille.
« Le collège, c’est incroyable. » a un jour soufflé Yanis pendant un travail de groupe.
« Incroyable pourquoi, Yanis ?
– Parce qu’on est bien. »
Punaise. Ce miracle.