Lundi 24 mars

Je touche le fond de mon sac à malices.

Depuis le retour des vacances, Naël ne veut plus rien faire. Il s’installe à sa place, tête dans les mains, et la première phrase qu’il m’adresse est systématiquement que ça « casse la tête ». J’ai tout tenté : aménager les activités, l’inclure dans un groupe, le prendre à part, lui donner des responsabilités, le laisser tranquille avec son AESH… Rien n’y fait. Il dérive et s’éloigne de plus en plus. Naël ne participe plus à la classe, et ça me fend le cœur.

Alors je sais. Je sais que pour plein de raisons, son rapport à l’école est compliqué, que son architecture mentale fait qu’il peine à saisir ce dont je cause en cours de français.
Mais c’est compliqué. Où mettre le curseur, entre mes exigences et son bien-être ? Si je renonce, est-ce que ça n’est pas un échec total de ma mission d’enseignant ? Et d’un autre côté, j’ai l’impression d’avoir déployé tout ce que je pouvais d’efforts et de patience.

Naël s’éloigne, et me file entre les doigts. Accroupi devant lui, je tente de le convaincre, de me convaincre, en griffonnant désespérément les trois mots qu’il daigne me lancer. Tandis qu’il s’éloigne dans la nuée.

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