Mardi 8 avril

J’ai joué à à peu près tous les jeux Final Fantasy. Hormis le fait qu’ils sont tous, pour la plupart, excellents, ils ont aussi un point commun : leurs méchants sont invariablement nullissimes. Hormis la sorcière Ultimecia, il n’y en n’a pas un seul qui tienne la route, que ce soit au niveau de la personnalité, des motivations, de l’histoire ou du design.

Parmi eux Sephiroth, le grand vilain du septième volet.
Et pourtant, j’ai une bizarre tendresse pour Sephiroth (je vous promets, ce billet a un rapport avec l’enseignement). Parce que Sephiroth ne meurt jamais. Final Fantasy VII a connu un nombre conséquent de suites et de déclinaisons, et à chaque fois, Sephiroth revient. Toujours aussi violent, toujours aussi démoniaque. Et toujours heurtant les héroïnes et les héros dans ce qu’ils ont de plus cher.

J’aime Sephiroth parce qu’il est ce mal dont je ne pourrai jamais me débarrasser.

Les heures de cours épouvantables, par exemple. Après dix-sept ans, je me suis rendu à l’évidence : jamais je ne parviendrai à les éviter, et encore moins à les vaincre. Toujours elles seront là, toujours elles reviendront, me laissant, à leur issue, sonné et perdu à me demander ce que je fous là et si je ne devrais pas mieux me reconvertir dans une profession moins compliquée pour mon petit ego fragile.
Petit à petit Sephiroth perd le peu de personnalité qu’il avait, pour devenir une sorte d’étalon de crise. Comment les personnages de FFVII réagissent-ils quand ils le voient, pour la dixième, centième fois ? Vont-ils le défier crânement, comme le vaillant Barret, tenter de le fuir comme Cloud le soldat amnésique, ou lui proposer d’aller se faire foutre, comme Aerith la marchande de fleurs ?
Les heures de cours ratées, quelle que soit leur source, sont mon Sephiroth. Je les déteste toujours autant. Elles m’attendront toujours au tournant, avec leur musique sinistre et leur sabre de douze mètres. Mais comme les personnages de FFVII, mon rapport à cette Némésis évolue petit à petit. Je grandis en me heurtant chaque fois à elles. Et finalement, elle pave mon histoire.

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