
Janya aime provoquer. Pour tout, pour rien. La provocation de Janya part dans tous les sens. « Monsieur, vous savez que vous avez pas de cheveux ? » « Monsieur, il paraît que le français est la matière la plus inutile du monde. » « Monsieur, vous pensez pas que l’écriture inclusive, il faudrait l’enseigner / surtout pas l’enseigner ? »
Janya est agaçante. Mais pas seulement. Comme toujours, il y a quelque chose à aller chercher dans ces paroles qui jaillissent un peu partout. Janya lit de gros livres, et notamment des manuels d’hellénisme, qui est, je l’ai appris depuis peu, une résurgence du culte des douze olympiens mâtinée de mystiques contemporaines.
Situation complexe, et délicate. Une partie de moi veut lui montrer les énormités contenue dans les pages de ses bouquins (il y en a dix-sept par ligne en moyenne), une autre s’en veut de formater, déjà, quelqu’un qui souhaite penser par elle-même. Alors je tente ce délicat équilibre. Tenter d’aguerrir son originalité un peu foutraque.
« Une blague sur ma calvitie ? Oh, c’est original. Ce doit être la douzième. Ce matin. »
« C’est intéressant, l’hellénisme. Vous avez cherché comment ça a été crée ? Non, ça ne vient pas tout à fait de l’Antiquité. »
Observer cette môme qui tente, avec des références toutes pétées, de se construire une culture et un esprit. Dans tous les sens du terme.