
Je suis en train de faire l’un des cours les plus magistraux de ma carrière aux cinquièmes Astronelle. Je leur parle de symboles. De tunnels, de ponts, et de trains, dans Le Voyage de Chihiro.
« Ma scène préférée, dans le film, c’est le voyage en train. »
Personne ne proteste. Et c’est là, que ça me frappe. Les cinquièmes Astronelle peuvent être épouvantables. Souvent, ils le sont. Mais quand je balance un propos, ils me laissent systématiquement le bénéfice du doute. Beaucoup m’ont expliqué que cette séquence, vers la fin du film de Miyazaki, les avait gonflé. J’ai balancé ça, maintenant j’ai intérêt à assurer.
« C’est grâce à ce que le français m’a appris. Les symboles. Il y a des images, quand on les voit et qu’on a appris leur sens caché, elles vous racontent trois histoires en même temps que l’histoire principale. Et alors même si c’est lent, on ne s’ennuie plus jamais. »
Il y a quelques jours, les mômes étaient à Brocéliande. On leur a parlé de la différence entre Paimpont et Brocéliande. Entre le mythe et le réel. C’est peut-être pour ça aussi. Mais pendant vingt bonnes minutes, ils écoutent. Ils écoutent et puis une seule phrase rompt le silence.
« En plus, si on ne comprend pas ça, on va penser qu’on est bêtes. »
Les symboles, pour eux, ça n’est pas qu’une herméneutique. C’est aussi la possibilité d’une émancipation.