
C’est un cours magistral. Aujourd’hui, il n’y a pas d’activité originale, pas de texte classe sorti du chapeau. Aujourd’hui, je suis en train de faire la conclusion de notre étude du Voyage de Chihiro.
Et je parle aux mômes des degrés de lecture.
Je leur parle du fait que l’histoire de cette petite fille, c’est la leur, celle du début de l’adolescence. Je leur parle de deuil, de tristesse, de courage. Je leur parle du monde des morts, d’Orphée et d’Eurydice. Je leur parle ainsi, parce que je ne le fais pas souvent et que, dans cette classe, je sais que j’ai gagné quelque chose de rare : leur confiance.
« Je sais que c’est compliqué, mais j’aimerais que vous essayiez de comprendre ce que je vous explique. Et si vous êtes perdu, demandez-moi, et je réexpliquerai.
– Monsieur. On comprend. »
C’est Yeul qui a dit ça. Elle le dit sans affectation, de ce ton neutre, qui est si rare, dans la vie. Et tous les autres hochent lentement la tête. Pour se rassurer. Pour me rassurer. L’implicite de ce conte animé, ils l’ont pigé. Promis.
Une promesse qu’ils se font autant à eux qu’à moi.