Mercredi 7 mai

C’est peut-être ce qui me rend le plus triste avec les sixièmes Evoli.

Ils ne sont pas gentils. Surtout pas entre eux.

J’ai pourtant usé des mêmes tours que chaque année, ceux qui aident, parfois, souvent, à faire des classes des lieux un peu plus doux, un peu plus agréables. Mais rien à faire. Ils rient des infortunes des uns et des autres. Sheila a jubilé en apprenant que Beth était désormais trop terrifiée pour retourner en classe. Ils ricanent quand l’un d’eux oublie son matériel. Et aujourd’hui, l’effervescence est palpable. La moitié de la classe terminera exceptionnellement deux heures après le reste de leur camarade. Et c’est un festival de moqueries et d’insultes dans le couloir.

J’entre dans une colère noire. À nouveau, je ne crie pas. Je ne leur fais pas – plus – la morale. Ils entrent dans mon cours dans un silence de mort. Ils se détestent mais me connaissent bien. Et voient à mon visage qu’il n’y aura pas de négociation possible.

« Je vais devoir vous faire copier le cours. Jusqu’à ce que vous soyiez dans de meilleures dispositions pour apprendre. Et moi aussi. Parce que j’ai rarement été aussi furieux. »

Il n’y aura pas de meilleures dispositions. Dès que je tente de ramener le cours à des activités un peu plus douces, une moquerie fuse « Vous voyez monsieur, il se moque ! / Elle m’insulte ! / Elle me ment ! » Sourires durs, même devant les sanctions.

Est-ce l’alchimie de la classe ? En tant que prof principal, ai-je manqué de vigilance à des moments cruciaux ? Toujours est-il que cette classe, même si elle est performante scolairement, est cruelle. Qu’elle méprise la douceur. Que je me sens tellement, tellement malheureux en leur présence. Je n’espère plus que sa dissolution en fin d’année et un nouveau départ pour tous ces mômes.

Parce que c’est tellement de temps perdu, ces jours passés à se faire du mal.

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