
« On n’a pas trop fait du vrai français, cette année ! »
Je lève les yeux vers Ti’ana, qui me regarde, avec, dans ses grands yeux noirs, tout le reproche qu’il peut y avoir à l’égard d’un adulte.
« Comment ça ?
– Ben on n’a pas trop fait des tableaux de conjugaison, tout ça.
– Pourtant quand je regarde les textes que vous écrivez, je vois que vous faites beaucoup moins d’erreurs.
– Oui… Oui, mais on n’apprend pas trop, par cœur, les temps, et tout.
– Mais si je vous demande finir au passé simple, première personne du singulier ?
– Oui, c’est nous finîmes, mais… enfin on n’a pas vraiment fait de la vraie conjugaison. »
Ça arrive souvent, chez beaucoup d’élève, cette critique. À force de me torturer l’endive à tenter des approches différentes ou originales, je perds de vue que certains ont besoin de tableaux. De listes. De trucs à apprendre par cœur. Ils ont besoin, sans doute, de se confronter à des trucs austères et d’en triompher. Et je me retrouve un peu démuni, un peu imposteur, de ne pas avoir réussi à leur proposer tout ça.
J’ai beau savoir qu’on ne peut jamais gagner, ça donne toujours le vertige.