Lundi 19 mai

Les cinquièmes Astronelle ne veulent plus travailler. Les cinquièmes Astronelle ne veulent plus réfléchir. En cours, ils sortent dinguerie sur dinguerie. Pas par bêtise. Pas par provocation. Juste parce qu’ils en on marre. Qu’ils ont suivi toute l’année les codes du collège, et qu’ils ont décidé que ça suffisait. Depuis la semaine dernière, et apparemment à chaque cours, ils verbalisent la moindre pensée qui leur passe par la tête, ils viennent sans matériel, ils renoncent.

Et c’est épuisant.

Alors je joue ma dernière carte. Celle que je connais. Celle dont je sais qu’elle fonctionne en fin d’année.

« Encore de la lecture !
– Oui, mais cette fois, c’est moi qui vais lire. »

Et je lis, en effet. En exagérant volontairement. Du plat de la main, je dessine. Pouce et index joint, un rond. Puis, de la main, esquisser comme une vague. La première phrase les fait rire, je ne réagis pas. Je lis, en « mettant le ton », comme je l’ai rarement mis. Je mime tout. Le ventre et les cheveux. La pipe et les bottes. La barbe.
Les rires se dissipent. Je sais qu’il y a de la magie, parce que je fais confiance au texte. Et lorsque j’arrête, au bout des deux pages, protestations.

« Mais c’est quoi ? C’est quoi ce signe ?
– Je vous donne l’info. Ça veut dire voleur.
– Mais comment ? »

Sonnerie. « On continue, demain hein ?
– Demain on n’a pas cours ensemble.
– Oh nooooooon ! »

Ce soir, je leur ai lu Bilbo le Hobbit.

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