Jeudi 5 juin

J’entame le cours de 5e Astronelle assez désabusé. Depuis le début de la semaine, j’ai dû passer en mode dictature pour que la moitié de la classe qui tente encore de s’accrocher parvienne à apprendre, sans que l’autre ne s’en donne à cœur joie entre insultes, histoires de classes et tentatives de harcèlement. On est donc sur la formule de cours la plus inintéressante, me concernant : copie d’une introduction du cours, lecture d’un texte, questions que je relève éventuellement, bilan. Zéro initiative de leur part, aucune variation. Et dire que je fais ça sur Bilbo, qui est un texte qui fonctionne bien d’habitude.

Qui fonctionne bien tout court.

Aujourd’hui, on pénètre dans l’antre de Gollum. Et les mômes sont d’une attention que je ne leur avais pas vue depuis très longtemps. Alors, forcément, je cabotine un peu. Ils ne connaissent plus le film. J’allonge les sifflantes et je mime un poil Andy Serkis. Certaines et certains ont un mouvement révulsé. Mais silencieux, comme pris dans les longs doigts. Et je m’interroge. Pourquoi cette petite créature répugnante, à chaque fois, les captive-t-elle à ce point ? Est-ce parce qu’ils sont encore très petits, en fait, et que la scène se passe dans le noir ? Est-ce parce qu’ils n’ont encore jamais rencontré monstre semblable à Smeagol ? Je l’ignore. Mais je rends grâce, une fois encore à JRR Tolkien, d’avoir sculpté ce lac souterrain.

Je laisse repartir les cinquièmes avec la dernière énigme posée en tête. Et en sortant, Keila se tourne vers moi.

« C’est dommage, on pourra pas lire tout le livre, on n’aura pas le temps. »

Il y a des textes magiques.

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