
Ce jeudi 12 juin, sous la poisse étouffante de ce mois invariablement dégueulasse, j’ai le sentiment d’avoir enfin mis KO les cinquièmes Astronelle.
Ça dure depuis septembre.
Depuis septembre ils s’en sont pris à tout le monde. À leurs enseignants, à l’administration, à leurs camarades, à eux-même. Ils s’insultent, s’allient dans une respiration pour nuire à d’autres qu’elles et eux, posent des questions et y répondent entre eux des énormités sans laisser le temps aux adultes d’en placer une. Et repartent, furieux que l’on n’ait pas satisfait leur curiosité.
Je n’ai réussi à qu’à faire preuve à leur égard de patience. Ça remplace ma sidération. Depuis le début de l’année, je continue à leur faire cours. J’ai tenté deux fois la leçon de morale dans l’année, ils s’en sont royalement foutus, je n’aime pas crier et l’humour les insupporte. Alors, continuer à leur faire cours, inlassablement, en en excluant le moins possible, en leur laissant zéro autonomie mais en leur expliquant toujours le mieux, le plus précisément possible. Les faire venir à chaque fin de cours, inlassablement, pour leur dire que non, on ne peut pas se comporter ainsi avec un autre être humain.
Et depuis quelques semaines, ils s’agitent mollement, comme des poissons hors de l’eau. Des quolibets fusent de temps en temps, entre eux, mais sans aucune conviction. Dépités, ils s’intéressent à ce que je leur apprend. Trouvent presque marrant quand je leur montre que « car » et « parce que », ce sont des crochets tout tristes quand ils se retrouvent sans subordonnées à accrocher. Ils n’ont plus le souffle pour un autre crochet du droit, pour une autre tentative de déraillement du cours. Ils ont tapé partout, et ça a rebondit.
Parfois, tout ce qu’il reste, c’est la patience.