Vendredi 13 juin

Le tissu est en train de craquer. J’ai beau tenter de les faire y croire, je le sens de plus en plus. Certains mômes, épuisés, deviennent totalement incontrôlables, et refusent tout ce qui pourrait s’apparenter à une remise en question (hurlant à l’injustice quand on leur explique qu’essayer de foutre une tatouille à son voisin en plein cours n’est pas particulièrement acceptable, même si l’autre l’a insulté à l’heure précédente), d’autres entrent au collège avec pour seul matériel scolaire un quart de mine de stylo bic vert, sans compter celles et ceux qui ne comprennent pas pourquoi on travaille parce qu’après tout, c’est presque les vacances.

« D’accord, mais si pendant un match de foot, les joueurs s’arrêtent de jouer à la 88e parce que c’est presque fini, ça passerait ?
– Ben non, ça a rien à voir ?
– Pourquoi ?
– Parce que c’est comme ça. »

Le refus, tout le temps, quoi qu’il arrive.

Alors j’utilise tout ce qu’il me reste.

Les histoires.

En sixième je jongle, lors de ce dernier cours sur la poésie, entre L’écume des jours et la légende d’Izanagi et Izanami. Je leur raconte comment sont nés les mots valises et le Jabberwocky. Pour couvrir les hurlements dans les couloirs et les cris d’Evilan qui menace le monde entier, je conte.

La fiction, mon dernier fil à coudre.

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