Samedi 14 juin

Les élèves de la chorale du collège de Renais restent bouchée bée. À l’exact intersection entre admiration et honte. Ils ont assisté, à l’opéra de Rennes, au concert d’une école de musique. Sur la même scène où nous avons chanté, quelques heures auparavant, dans le cadre d’un festival de musique.

« Mais on peut plus chanter, après ça ! »

J’observe les élèves que nous venons d’applaudir. Ils sont tous élancés, déliés dans leurs costumes bien taillés. Et leurs voix se sont mêlées dans des harmonies hallucinantes durant près d’une heure. Ils se ressemblent, aussi beaucoup.
De l’autre côté, les mômes auxquels j’enseigne tirent honteusement sur les T-shirts trop grands qui leur ont été remis. Ils ont eut un quart d’heure pour manger, durant cette journée. Ils sont les seuls à chanter deux jours de suite, pour ce festival, grands, petits, sélectionnés uniquement sur leur envie de venir dans la salle C21, entre 13h et 13h45 tous les lundis. En quelques mois, ils ont appris des textes plus longs que l’intégralité du rôle que j’ai joué récemment, trois chorégraphies et un nombre de consignes inconcevables. Bien entendu que ce devait être extraordinaire. Ça l’a été. Mais ça reste un truc de chorale d’enfants.

Je suis fier d’eux. Tellement fier. Fier mais aussi un peu en colère. En colère que, parce qu’ils sont une chorale d’enfant, d’un bahut pas hyper côté, ils soient traités avec moins de considérations que ceux, bien peignés, qui arrivent en artistes quasiment reconnus. Ça a toujours été comme ça, dans tous les bahuts dans lesquels j’ai été enseigné. On est toujours si content de les avoir à disposition sous la main, les moins brillants. On leur en demande tellement. Mais on tiendra toujours les étoiles à quelques millimètres de leurs doigts.

Je chasse ces pensées. Ce qui compte ce weekend, ce n’est pas l’injustice. Elle attendra lundi pour que je continue à vouloir lui faire rendre gorge. Ce qui compte, c’est de continuer à rendre cette expérience belle, à leur faire comprendre que non, justement, ils ne valent pas moins. Ils ont toute leur place, sur la scène de l’opéra de Rennes comme partout.

Une réflexion sur “Samedi 14 juin

  1. S’ils ne l’ont pas vu, faut leur faire voir Sister Act 2

    On peut penser ce qu’on veut de ce genre de film, mais le message (basique) est bien adapté à la situation et explique en filigrane qu’il ne fait jamais se comparer aux autres quand les comparateurs sont faux…

    Garfieldd, ex proviseur.

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