Vendredi 29 août

Il n’y a rien à faire, les réunions de début d’année – que l’on baptise pompeusement « pré-rentrée » – continuent à me rendre invariablement dingue. D’un autre côté, j’ignore s’il est possible de réussir ce grand moment de chaos, cette répétition générale où les adultes courent dans tous les sens en s’affolant et, malgré tout, parviennent à donner l’illusion que tout est sous contrôle lorsque les élèves finissent par arriver.

Parce qu’on a besoin de tant de choses, pour que ça fonctionne. Des choses triviales : du matériel, un peu de certitudes sur la façon dont l’année va se dérouler, sur les lieux dans lesquels on va enseigner, sur l’argent dont on dispose. C’est ce que je tente d’expliquer, lors d’une réunion. Comme d’habitude dans ces situations je m’exprime mal, la voix entrecoupées de pensées qui s’entrechoquent. Une doctorante brillante est en train de nous parler de coéducation, de l’importance d’aller vers les associations d’aide scolaire, de voir ce qui s’y fait. Ça me met mal à l’aise, je balbutie. Ça me met mal à l’aise parce que je sais à quel point les élèves sont pris en charge dans ces structures, surtout là où j’enseigne. Et je sais également que ces tâches annexes, si on les remplit massivement, deviendront la norme, on s’attendra à ce que tous les profs s’y mettent.

En fait, je pense qu’on a juste besoin d’un peu de stable, dans un métier infiniment mouvant. Et déjà je sais que c’est peine perdu, déjà je sens le tapis qui ondoie sous mes pieds, je sais qu’il va falloir être souple, réussir à faire exister mes valeurs dans un univers toujours fluctuant. C’est ça qui est palpitant et crevant, c’est ça qui me tue et m’exalte. C’est ça le boulot.

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