
C’est étrange, de ne pas être devant les élèves, un jour de rentrée scolaire. Impression, déjà, dès ce premier jour, de faire l’école buissonnière. C’est que cette année, et pour la première fois depuis longtemps en collège, je n’enseigne pas à des sixièmes. Pour cette saison-ci, ce sera des cinquièmes et des quatrièmes. Beaucoup que je connais déjà.
Et, comme je l’ai écrit ailleurs, c’est comme attendre, le souffle court, dans les coulisses lorsque l’on n’est pas sur scène lorsque le rideau s’ouvre. On garde les oreilles tendues – ou Pronote connecté – en espérant que le public soit au rendez-vous, en envoyant toutes les bonnes ondes possibles aux collègues qui se sont déjà lancés.
Je regarde le porte-document dans lequel j’ai placé mes premiers cours à photocopier. L’agenda que je me suis promis, cette année, de compléter à chaque fois. De petites reliques, comme de petites armes que je brandis en espérant que ça suffise. Je crois que c’est toujours l’un des moments où je me sens le plus impuissant. J’ai oublié comment on était enseignant, je ne sais plus comment on fait. Bien entendu je vais y aller et l’interrupteur changera de position. Je serai prof.
Non. C’est un mensonge.
C’est comme l’âge adulte. On ne se réveille pas un jour avec un truc qui a changé dans le cerveau. On nous demande juste d’en faire, chaque jour un peu plus. Et, un peu interdit, un peu médusé, on tente de faire au mieux. Comme tous les ans, c’est ce que je ferai demain en tant qu’enseignant. Sur cette scène.
C’est marrant, pour ma part au contraire, à la rentrée je me sens toujours bien, confiante, sûre comme tu dis d’être, cette année enfin, une prof décente qui rend les copies à l’heure et remplit correctement son cahier de texte.
En revanche, je suis ravie de constater que toi non plus, tu n’as pas encore fait tes photocopies 😀