
Rencontre avec les cinquièmes Florizarre. Ou peut-être, devrais-je dire retrouvailles. Les deux tiers des élèves qui constituent ses effectifs, je le ai déjà eus en sixièmes. Nilo, qui s’est un peu étoffé au niveau de la carrure mais n’a pas grandi d’un centimètre m’adresse son sourire, toujours le même, celui d’un tout petit garçon. Mais il ne va pas plus loin, il a désormais sa bande de copains, devant lesquels ça ne se fait pas de courir vers son prof et de lui raconter ses vacances avec ses grandes sœurs qui sont les plus belles du mondes (à part sa maman évidemment).
Atis me fait un petit signe, pas grand-chose, avant de regagner « sa » place. Et ça suffira. On n’a pas besoin de plus tous les deux. Nous avons les mêmes références, rions aux mêmes choses, il comprend tout ce que je propose une minute avant la fin de mes explications. Jamais il ne le fera remarquer aux autres. Nous sommes bien ensemble, c’est tout.
Et puis il y a les autres « Oh il n’ont pas arrêté de nous parler de vous ! » lance Alice, du haut de son quasi mètre soixante-six. « Il paraît que vous êtes sympa mais pas SI sympa. Et que vous vous moquez de votre calvitie.
– Wesh arrête ça se dit trop pas !
– Mais t’as dit qu’il était gentil ! »
Le cours commence doucement. Presque joyeusement, presque comme c’était l’année dernière. Je me méfie très très fort de la routine, des habitudes. Quelque chose en moi craint que ce soit le début d’une pente glissante. Que je ne me donne plus les moyens de me renouveler, que je devienne ce prof qui chaque année fait les même cours, que je…
Hey. Du calme.
Accrode-toi, accorde-leur, en cette rentrée, la joie d’être heureux.
Et de la douceur.