Samedi 13 septembre

Quand j’ai quitté Katrina, au mois de juin, c’était une élève de fin de sixième vive, et éveillée. Et surtout enthousiaste. Elle s’intéressait à la moindre notion, même les trucs moins sexy. Et elle était marrante. Une lumière dans sa classe.

Je l’ai retrouvé, et me suis retrouvé tout seul avec mon grand sourire bête. Elle m’a lancé un regard dépité, n’a même pas daigné hausser les épaules et a recommencer à parler très fort avec sa copine, alors que tout le reste de la classe avait sorti ses affaires et était prêt à découvrir ce qu’ils allaient apprendre cette année. Katrina arrive en retard, s’investit juste suffisamment pour que je ne lui reproche pas son manque de travail en classe. Et depuis quelques jours, je lis dans le fil de discussion de la vie scolaire qu’elle a commencé à tenir des propos durs et maltraitants à l’égard de différents camarades.

Toujours, se demander jusqu’où aller, quand on voit des élèves bien-aimés entrer dans ce tunnel de ténèbres. Qu’a-t-il pu se passer pour que la lumière de Katrina soit à ce point mangée de ténèbres, désormais ? S’agit-il d’un de ces instants d’adolescence durant lequel elle veut pouvoir explorer sa propension à faire le mal ? Qu’il est dangereux, ce chemin… Ou se passe-t-il quelque chose de plus grave, quelque chose dont il faut immédiatement la secourir, nous les adultes, les éducateurs, ceux qui, d’habitude, savons ?

Le mal, à tous les tournants, reste une énigme. Mais j’ai une année, une année à partager encore avec cette enfant. Une année pour trouver des moyens, humbles mes efficaces, de permettre à son intelligence de percer ce qui l’enlise.

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