
Parfois, la démocratie, c’est nul.
C’est totalement faux.
Mais quand même.
Quand même parce qu’aujourd’hui, en quatrième Florizarre, c’était l’élection des délégués. Et comme souvent au collège, comme toujours à Renais, ce sont les élèves les plus populaires, les plus clinquants, les plus à l’aise qui l’ont emporté. À juste titre d’ailleurs, ils avaient préparé leurs discours et leurs arguments.
Mais Estellise, après avoir fait les cents pas, après m’avoir fait ce sourire, ce sourire que je ne connais que trop bien, ce sourire qui dit « j’ai tellement peur, mais j’y vais », Estellise s’est présentée aux élections. Estellise ne parle jamais fort. Elle ne rentre jamais à la maison après 18h30, son père le lui interdit. Elle a toujours ses cahiers à jours, et souvent le regard triste.
Estellise est en colère, de toute cette colère adolescente, qui ne sait pas encore comment s’exprimer, mais qui le veut. Et quand elle a vu ces garçons, sûrs d’eux et sûrs d’être élus, se diriger vers une élection gagnée d’avance, elle s’est dévouée, au dernier moment.
Estellise n’a eu qu’une poignée de voix, celle de filles, je les ai écoutées et comptées, qui baissent les yeux en soupirant, parfois. Ça m’a foutu la rage, même si c’est très très loin de mal se passer, en quatrième Florizarre. Je suis triste. Triste pour Estellise, pour ces filles, triste pour tout le travail qu’il reste à faire, dans ce groupe d’élèves qui fait partie des plus privilégiés socialement et culturellement du collège.
Tant de feu qui ne demande qu’à brûler.
merci pour vos textes.
j’ai été Estellise, je me suis présentée alors que j’étais très timide, et bien sûr, je n’ai pas été elue… mais c’est resté un événement fondateur de ma vie sur lequel je me suis appuyée, car je me suis trouvée très courageuse de l’avoir fait. Et plus de 30 ans plus tard, j’y pense toujours quand j’ai besoin de courage : fallait quand même oser !!