Mercredi 1er octobre

« Mais ce sont des enfants, en fait ! »

L., qui est AED au collège et prépare le CAPES de lettres, est venu assister à mes cours, aujourd’hui. Il est venu voir une classe de cinquième, qui a pour particularité d’être composée aux deux tiers d’élèves que j’avais l’année dernière. Des élèves dont je trouvais déjà, que même en fin de sixième, ils cultivaient encore leur part d’enfance.

Je reste songeur devant cette remarque. J’ignore comment la prendre, et surtout s’il y a quelque chose à faire. Est-ce le fruit de l’habitude, parce qu’ils se retrouvent ensemble, dans ce groupe qu’ils connaissent, avec un enseignant qui leur est familier ? Est-ce dû à leur tempérament ? Je l’ignore. Je sais juste que, très personnellement, ça ne me déplaît pas. La cinquième est de plus en plus cette période sombre, où l’on grandit en se tordant, où le futur ado émerge péniblement du môme qui se fait recouvrir, peu à peu, par les strates d’un nouvel ego. Ici, pas de ça : lorsque je leur demande ce que c’est pour eux, un héros, ils me répondre Spiderman, ma maman et le prof. Ils rigolent, la voix encore aiguë.

« Ils s’amusent, mais si tu leur poses une question sur le cours, ils peuvent y répondre. »

C’est encore L. qui me le dit. Peut-être qu’en fait, je l’ai ma réponse : il n’y a rien à faire. Même si ça n’est pas commun, pour leur âge et en ce lieu, ils sont heureux et ils apprennent. Qu’espérer de mieux. Ça ne restera sans doute plus très longtemps comme ça. Peut-être, juste peut-être, que ça leur donnera des forces pour la suite. Du savoir et du courage.

Ma classe de petits hobbits.

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