
Aujourd’hui, c’était le dernier jour de travail de M. On a fait un repas partagé, et on lui a offert de petits cadeaux.
Et je suis triste, bien entendu.
Je ne suis pas triste parce que je le perdrai. L’amitié que nous avons construite perdurera, je le pense, je le souhaite, je m’y appliquerai, au-delà de nos boulots partagés un peu plus d’un an. Je suis triste, parce que je perds le tissage, puissant, clinquant et flamboyant qui liait nos heures de cours. Qui m’a permis, durant tout ce temps, de réussir à créer un petit monde solide, dans lequel j’accueillais les élèves. Savoir que nous nous raconterions nos exploits et nos déboires, qu’il suffirait d’un geste pour invoquer un sanctuaire lorsque c’était nécessaire, c’est un luxe que je souhaite à chacun dans son espace de travail.
M. est parti et « tu as des alliés », m’a-t-il dit. Bien entendu. Le collège de Renais est parcouru d’un nombre époustouflant de gens merveilleux.
Mais là, nous avons eu la chance d’être deux amis, deux mômes, à rire très fort contre ce qui peut parfois être un monstre dévorant : le quotidien de l’Éducation Nationale. J’avais eu la chance de vivre ça, de façon similaire, de façon totalement différente, avec T. et Monsieur Vivi. Le temps passe, les routes ne sont pas toujours parallèles. Ce soir, je m’accorde le droit d’être triste pour cette tapisserie qui, déjà, s’étiole. J’inspire pour trouver de nouvelles sources de forces. Pour apporter le meilleur à ces quatre classes qui, il faut le reconnaître, sont toutes assez exceptionnelles dans leur genre.
J’inspire en me disant que j’en aurai, des trucs, à raconter à M. quand nous nous reverrons.
Et le chemin, qui toujours se déroule.