Samedi 25 octobre

Top view of empty open wooden drawer.

L’autre jour j’ai eu le vertige : une partie de ma vie d’élève a disparu.

Je t’explique.

Lors de ma formation, après le concours, une des intervenantes a eu cette parole : « n’enseignez pas comme vous voyiez vos profs en tant qu’élèves. La différence de perspective est trompeuse. » Ça m’a toujours semblé une piste intéressante à creuser. Et devenu enseignant, c’est une discipline que j’ai tenté d’appliquer : me demander comment j’aurais perçu, élève, ce que je faisais, et tenter d’établir ce dialogue, entre mon présent d’enseignant et mes souvenirs de mômes. Pourquoi certains mots portent et pas d’autre, pourquoi un sentiment d’injustice et un autre, de joie ?

Et puis l’autre jour, j’étais en train de faire bosser les cinquièmes, sur la préparation de fiches de révisions. Notre prof d’Histoire-Géo nous l’avait fait faire, en troisième. J’ai voulu invoquer l’écho de cette scène, ce que j’avais en tête à ce moment-là.

Mais rien.

Le tiroir est vide. Comme dans ces vieux dessins animés où l’on voit des termites s’envoler d’un vieux porte-monnaie dans lequel il ne reste plus un centime. Le souvenir vieux de presque trente ans s’est usé, je ne parviens plus à en distinguer les contours. Vieillir en tant qu’individu, vieillir en tant que prof.
Et alors que faire ?

Ne pas s’affoler, se dire que ça aussi, c’est dans l’ordre des choses. Et mettre dans ce tiroir son expérience. Et les mots de ses élèves d’aujourd’hui. Ils sont plus précieux que le passé.

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