
L’année dernière, j’ai vu Lili décliner. Le petit soleil qui arrivait chaque matin en cours non seulement heureuse mais aussi hyper volontaire, motivée pour apprendre de nouvelles choses s’est renfermé. La parole rare, les sourcils froncés. Et aucune communication avec les adultes. Malgré tous nos efforts pour communiquer avec elle ou sa famille, nous n’avons pas réussi, nous les adultes du collège, à l’aider.
Et cette année, alors que je la retrouve, je retrouve aussi sa chaleur et son rire. Ses questions, toujours pleines de bon sens, commençant systématiquement par « Mais en fait monsieur, si vous dites ça… »
Alors l’autre jour, pendant qu’elle tardait un peu à ramasser ses affaires, je suis allé la voir.
« Lili, ça se passe bien, le début d’année ?
– Oh, oui, trop bien.
– Et vous, vous allez comment ?
– Mieux.
– Mieux ? Est-ce que c’est parce que… »
Et là, elle se tourne vers moi, et pose un doigt sur ses lèvres, quelques secondes ou même moins.
« Mieux. »
Et elle tourne les talons. Avec ce mieux fiché dans les doigts comme une écharde.