Jeudi 2 mars

En accompagnement personnalisé, on m’a demandé de travailler en priorité la fluidité de la lecture avec les élèves qui ont obtenus de mauvais résultats à ces maléfiques évaluations d’entrée en sixième.
Ça donne un groupe d’élèves plutôt tristes et angoissés. Parce qu’on ne va pas se mentir : les difficultés en lecture orale révèlent souvent des difficultés dans de nombreux autres domaines du français. De fait, je me retrouve avec un “groupe de niveau” (je pense que l’avoir simplement écrit me place d’emblée sur la liste noire du Ministère de l’Éducation Nationale) : des mômes non pas fâchés avec le français, mais à qui le français fait peur.
Ça n’a pas été simple. J’ai proposé des exercices d’entraînement que je n’ai pas réussi à rendre suffisamment clairs. J’ai tenté des petits jeux, des concours, des défis : rien à faire.
Et puis, finalement, on a juste décidé ensemble d’un texte qu’on aimerait lire.
Et aujourd’hui, les sixièmes s’enregistre derrière mon micro “comme sur twitch” que j’ai ramené de la maison. Ils lisent des passages de l’Odyssée. Comme ça, pour créer un livre audio. Ils rougissent en entendant leurs voix qui résonnent. Rigolent quand j’applique un filtre. Et puis, petit à petit, deviennent plus fluide dans leurs mots. “C’est pas grave, je couperai les hésitations au montage !”
Aujourd’hui, un peu de progrès. Beaucoup de joie.