Mercredi 6 septembre

“Citez-moi des chansons de Lorie.
– Je vais vite !
– Je vais plus vite !
– Faux !”
(Drag Race France, saison 2. Oui cette saison du journal aura son lot de citations hétéroclites)
Au nombre de mes névroses, il y a ces deux là : je vais beaucoup trop vite, et je veux que les débuts soient parfaits. Lorsque j’ai joué à Baldur’s Gate 3, cet été, j’ai recommencé mon personnage une centaine de fois. Je voulais que ce soit le bon, que je ne veuille jamais en jouer un autre (Vous saurez donc, joueurs de Baldur’s Gate 3, que le personnage parfait est un druide du Cercle des Spores, parlant aussi bien aux animaux qu’aux cadavres, armé de deux cimeterres et d’une légion de zombies et dryades).
Deux névroses qui ne vont absolument pas ensemble et qui font que mes débuts d’année sont systématiquement des catastrophes. (sauf dans cette fameuse classe de première, parce que j’ai eu la chance que des mômes me demandent de raconter l’histoire de Thésée). Encore une fois cette année, j’ai voulu aller trop vite, impressionner, et ai dû compresser en une heure (la première en plus, celle où il vaut mieux y aller mollo) près de trois heures de cours. Je n’ose imaginer dans quel état les mômes sont rentrés chez eux, sous la chaleur accablante.
On serait dans Baldur’s Gate 3, je recommencerai tout simplement. Encore et encore et encore.
Ici je ne peux pas. Ici, comme tous les ans, il va falloir que je rattrape le coup. Que, dès demain, je freine. Que je leur dise qu’on est parti sur les chapeaux de roue.
C’est l’un de mes points faibles et il faut qu’il se manifeste dès le début de l’année. Mais ce qui me rassure, c’est qu’à force, je suis parvenu à recoudre. On ne sauvegarde pas sa partie, dans cette profession. On prend les bouts un peu raté et on les rassemble, façon puzzle. Faut juste pouvoir le reconnaître. Je ne les connais pas encore, ces lycéens. Or de question de les perdre d’emblée.
Et ce sera comme ça toute l’année. Avancer avec ses réussites et ses échecs, sans jamais donner plus d’importance à l’un ou à l’autre. Espérer qu’à la fin de l’année, plutôt qu’au début de la partie, le personnage que l’on s’est construit nous convienne.