Jeudi 16 novembre

La poésie reste un territoire étrange, inaccessible pour les première. Gardé par des sentinelles vigilantes et anciennes : les rimes, les strophes, le par cœur. Le lire en entier, le lire dans l’ordre. Le bac de français.

Tout ça fait qu’ils n’arrivent pas à entrer dans l’œuvre. Le sens des mots leur échappe. Le stress monte. Le texte se montre rétif et le bac, le bac, le bac de français.

Alors je choisis d’être doux.

Aujourd’hui, alors que le soleil frappe timidement aux carreaux de la salle 37, je leur lis ce passage de Pauvre Folle dans lequel Clotilde découvre la poésie de Rimbaud. Il ne leur faut pas longtemps pour se rendre compte que la poésie est poreuse, qu’elle a pervertit – le mot est d’eux – les mots de Chloé Delaume. « J’aime beaucoup le rythme des phrases, il est tellement reposant. »

Leur faire parcourir le livre sans but précis, juste trouver des textes qui parlent. Prendre le temps de lire à haute voix. Expliquer que ça n’est pas grave si certains poèmes passent à la trappe dans leur lecture.

Émanciper.

Ce mot revient beaucoup dans mes discours, cette année. D’habitude, je l’emploie peu. Il y a sans doute une raison.

Cette année, émanciper par la poésie.

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