Vendredi 17 novembre

Dans la voiture qui m’amène vers le weekend, je peste contre mon autoradio. Je peste parce qu’un universitaire explique que pour contrer la « baisse du niveau » (expression qui me donne envie de mordre dans du béton), il faudrait que les enseignants « enseignent avec plus de sentiment ».

Je peste parce que j’ai effectué un travail de groupe avec trente-cinq secondes. Que la salle était trop petite, qu’ils sont courbés sur des tables pas assez grandes, que quelques élèves sont allés bosser dans le couloir histoire de ne pas avoir l’impression de bosser dans une piscine municipale.

Je peste parce que les trois dernières minutes, des élèves n’écoutaient plus, parce que la sonnerie retentit à 16h45 et que leur bus part à 16h46.

Je peste parce qu’on refuse d’accepter que le trivial est essentiel. Qu’à force de rogner sur les moyen, on est petit à petit en train de s’en prendre aux besoins essentiels des élèves. Et qu’on nous vend encore trop souvent un discours dans lequel l’enseignant doit être cet être de lumière, dont la pédagogie fait oublier que ça fait sept heures qu’on marne, courbé derrière une table trop petite, dans des pièces dont le taux d’occupation dépasse celui de la ligne 13 en heure de pointe.

Je peste parce que j’en ai marre de constater l’évidence, et que rien ne change.

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