
Ca me frappe pendant que je suis en train d’annoter des explications de texte de première. Je relève la tête et relis mon commentaire. « Hey, c’est pas mal ! »
C’est d’une prétention débile, à n’en pas douter. Mais pour une fois, ça n’est pas non plus totalement injustifié. Il y a dans les appréciations que j’ai griffonnées une précision dont je ne faisais pas forcément preuve en début d’année. Quelque chose qui semble avoir changé, pour le meilleur, dans ma formulation.
Et c’est une preuve supplémentaire de ce que j’aime tellement dans ce boulot : je peux progresser. Comme les élèves. On m’a souvent dit que j’avais l’air nerveux cette année. Pas forcément heureux. Mes pensées sont trop confuses pour que je puisse tirer un diagnostic. Mais une chose est certaine : ce chaos intérieur est dû au fait que, depuis la rentrée, j’ai changé. Progressé oserais-je dire, plus que d’habitude. Nouveaux bahuts, nouveaux niveaux. Certes, c’est épuisant. Mais il y a quelque chose dans mes pensées, dans ma façon de faire, qui me plaît. Et ça, je le dois aux heures de travail que les premières ont passées à comprendre les mots de Jean-Luc Lagarce. Les tourments de Louis et Suzanne.
Gratitude. Envers ma profession, envers un dramaturge fabuleux.
Et envers deux fois vingt-quatre élèves avec qui ont vit une grande aventure.