Mardi 19 décembre

Bien sûr que je vous vois. Je vous vois quand vous rigolez, amusés, de me constater un peu exalté, un peu ému, suite à un cours. « Le prof, il adore vraiment Zola. » « Le prof, ça le fait délirer la grammaire. »

C’est pas tout à fait vrai. Je ne suis pas assez lettré, assez érudit pour cela.

Ce que j’adore, ce qui me fait délirer, c’est vous.

C’est vous voir – parfois, pas tout le temps, vous avez tant à penser, tant à comprendre – comprendre, vraiment comprendre. Par exemple, ce matin, que si notre cher Émile écrit dans ce langage si poétique, c’est que finalement, même quelqu’un n’ayant jamais foutu les pieds à Paris comprendra que le passage du Pont-Neuf est un lieu dégueulasse et peu recommandable. Que son écriture, malgré le fait que « les descriptions, c’est chiant » (vos termes), « Thérèse Raquin, c’est pour tout le monde » (vos termes aussi).

Je ne suis pas un être de littérature, un mec qui « lit des gros livres quand il est chez lui » (vos termes toujours, on vous entend dans les couloirs). Je suis juste le mec qui se trouve à l’intersection de mots, d’idées, par centaines, par milliers, et de votre parcours d’élèves.

Et quand la rencontre se produit, alors ça fait une lumière qui promet plus de matins que je n’en verrai jamais.

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