Lundi 5 février

C’est le moment où ça devient plus compliqué.

Je pensais que ça serait facile jusqu’au bout, au niveau de la gestion de classe. Lycée, public infiniment plus privilégié que tout ce que j’avais pu connaître jusqu’alors, début d’année qui roulait sans souci.

Mais les mois de janvier et février sont toujours ce crash-test. Ce moment où les mômes, grands ou petits lâchent un peu, deviennent un peu plus remuants, un peu veules, un peu laids.

Un peu seulement.

C’est l’avantage de la jeunesse, comme les rides : la laideur, ça se défroisse vite et facilement dans de jeunes esprits, du moment qu’on arrive à leur faire oublier leurs sales côtés. Comme pour Grégoire, qui d’élève adorable et motivé, s’est changé en créature ricanante, qui dort sur sa table ou balance des saloperies à des potes.
Comme Imane, qui est devenue incapable de répondre à une question sans soupirer et lever les yeux au ciel, avant de recommencer à discuter avec sa pote, de l’autre côté de la salle.

Et dans ces moments-là, refuser, soi-même, de devenir laid. Parce qu’à mon âge, comme les rides, ça laisse des traces qui ne partiront plus. Ne pas avoir la voix qui monte dans les tours, ne pas se mettre à gueuler de manière indiscriminée, même si la fatigue donne envie, même si, bon sang, on devrait plus avoir à fait ça devant des seize ans, même si on aurait toutes les raisons de le faire. Être ferme, calme, revenir à des choses plus intéressantes.

Louvoyer, jusqu’aux rayons de soleil.

2 réflexions sur “Lundi 5 février

  1. Vous êtes gentil dis donc. Je suis beaucoup plus stricte et je mets l’eleve face à son comportement incorrect voire déplacé. Surtout à 16 / 17 ans…. quand même

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