Mardi 6 février

C’est une fin de semaine, en première. Les élèves dodelinent de la tête pendant un cours sur la notion d’interrogation. « On fait rapide, et efficace. » Je trouvais, en tant que nouveau prof de lycée, cette phrase cool.

Elle ne l’est pas.

Elle ne l’est pas, parce que rapide, et efficace, ça n’est pas moi.

J’ai oublié, en arrivant au lycée, l’une de mes premières règles et l’une des plus efficaces : ne cherche pas à incarner quelqu’un que tu n’est pas. Et ça s’est ressenti. Je m’emmerde, mais ça on s’en fout. Je vois surtout des élèves hyper polis, trop polis pour me dire que mon cours est nul.

Alors je fais ce que je fais toujours au collège.

« Bon, comme vous êtes en train de dormir, je donne un exemple, pour l’interrogation totale : « Ce dinosaure a-t-il dévoré Younès ? » On peut y répondre par oui ou par non. La partielle, ce serait : « Dans quelle pièce Younès s’est-il réfugié pour ne pas être dévoré ? » »

Ils me regardent. Je hoche à peine la tête, oui ils ont le droit de rigoler. Et ils le font. Ils le font et il y a dans leurs éclats le reflet de sons que j’entends dans des classes de cinquième. De très très loin, pour encore quelques instants, ils sont des enfants. Des enfants qui, à la fin de l’heure, auront compris ce qu’est une proposition subordonnée interrogative indirecte. Parce qu’ils se sont demandés si acheter un bateau pirate était un bon investissement.

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