Mercredi 28 février

J’accompagne Y. à la pharmacie. Y. est l’une des artistes qui participe à un spectacle à la participation duquel je donne un coup de main.

« C’est un milieu bizarre, celui des artistes, me dit-elle tandis que nous rentrons dans la voiture. Tu passes ton temps à être dans ton univers, ton univers. »

Le parallèle entre enseignant et artiste de seul en scène est un topos. Je me demande si sa réflexion pourrait s’appliquer à nous. Est-ce que ce journal n’est pas le reflet de l’immense narcissisme auquel nous invite cette profession ?

Il y a peut-être, sans doute, un peu de ça. Mais l’exception notable est que je ne suis pas l’auteur de mon matériau. Pas totalement, en tout cas. Être enseignant, c’est aussi se mettre au service de trucs immenses, notamment en français : la parole d’Antigone, les mots de Valjean, le discours d’Olympe de Gouges…
Et surtout, c’est se dire que notre public à nous doit absolument nous quitter au moins un peu changé. J’ignore si c’est plus ou moins difficile que d’être sur une scène de spectacle. Mais c’est une tâche assez délirante.

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