Vendredi 15 mars

Parfois, il faut les manipuler. Même pas élégamment.

J’ai mis les secondes en autonomie. Monter une pièce de théâtre par eux-même, c’est le projet d’un mois. Du moins, c’est ce que je leur fais croire. C’est eux qu’ils choisiront la mise en scène, les rôles, les costumes…

« Bon, on va voter pour la mise en scène.
– Mais on a déjà voté, monsieur !
– Ah oui, c’est vrai. Pour la mise en scène qui ressemble à la trend TikTok du moment, c’est ça ?
– Oui, ça va être marrant.
– Oui. Bon, ça va poser des soucis mais… Non rien.
– Comment ça ?
– Non non. Bon, c’est embêtant, vous êtes évalués et c’est… non rien. »

Je marmonne tout un tas de trucs entre mes dents, je hausse les épaules. Un concentré de malaise.

« C’est pas une bonne idée monsieur ?
– Non, mais moi je dis rien, c’est votre pièce hein.
– En fait, c’est un peu bête comme idée… Si on veut faire un truc vraiment bien, il faudrait peut-être qu’on prenne une autre idée ?
– Ah bon ? »

Petit à petit, le n’importe quoi que formaient trente-six élèves bombardés troupe de théâtre s’apaise. Comme je leur coupe, sans le dire clairement, toute possibilité de faire du caca, ils se retrouvent obliger de passer à leur second choix : faire du beau.

« Et si on mettait la pièce en scène au Japon ? Ce serait classe !
– Oui, mais l’appropriation culturelle…
– On demande à Erwann et Aya, leurs parent sont originaires de là-bas, ils nous serviront de conseillers bon goût ! »

Marwa hoche la tête, l’air entendu. Et le reste de l’heure, ils commencent à mettre en place une suite de textes, de mouvements, d’idées. En m’oubliant totalement. Comme de juste.

Laisser un commentaire