
« Vous serez là l’année prochaine ? »
Tiens, même en seconde. Cette question intervient à la fin d’une heure consacrée à leur expliquer les modalités du bac de français l’année prochaine, et l’explication de l’explication linéaire.
Je ne suis pas naïf : quand je vois la régularité avec laquelle revient la question, que ce soit dans les classes avec lesquelles ça se passe bien ou celles qui me donnent envie de me couper avec du papier avant d’arroser la blessure de citron, j’ai fini par comprendre que ce qui se joue d’abord chez les élèves, c’est cette appréhension du changement.
Parce que ça n’est pas rien de construire une classe.
Une classe : des murs, des règles, des emplois du temps, des profs, des camarades. Trouver le rythme, comprendre les attentes. Et les remettre en jeu chaque année.
« Vous serez là, l’année prochaine ? » C’est peut-être, juste, rhétorique. C’est peut-être un talisman de papier que l’on s’agite pour ne pas avoir peur, pour se convaincre que ce qui est autour de nous a de la réalité, une stabilité.
« Vous serez là, l’année prochaine ? » Non, probablement pas. Mais vous vous en sortirez, évidemment. Le monde est comme ça. On saute de vague en visage, d’année en connaissance. J’espère juste vous avoir aidé à développer l’agilité qui vous permettra de vous élancer au bon moment.