
Je n’ai pas, cette année, noué de relation très forte avec mes collègues. Ça n’est pas un regret ou une lamentation : j’avais sans doute trop à faire et trop de kilomètres à parcourir pour que ce genre de miracle, dont je suis pourtant coutumier, se produise.
Mais j’ai vécu quelque chose de tout aussi réjouissant, de tout aussi émouvant : des actes de gentillesses, ponctuels et désintéressés, tout au long de l’année. Des enseignants qui ont pris soin de moi, à plein de moments différents : en me tendant des clés, métaphoriques ou réelles – je passe mon temps à les perdre – en m’invitant à aller courir. En m’expliquant ce qui étaient attendu d’un prof de lettres au lycée. En m’accompagnant chez moi, le soir, alors que la pluie battait.
Des dizaines de moments de générosité quotidiens, qui ont tissé mon année, m’ont soutenu.
On accuse souvent les enseignants d’être corporatistes, dans le mauvais sens du terme. C’est méconnaître ce métier, et les tempéraments qu’il attire. On finit par apprendre à tendre la main, aux élèves comme aux adultes, parce qu’il n’y a qu’ainsi qu’on les fait avancer ; que l’on peut se soutenir dans ce grand bateau plein de fissures. Tout l’année, j’ai été porté par des regards bienveillants. Qui n’ont jamais rien exigé en retour.
Et c’était beau.