Lundi 3 juin

C’est le dernier « vrai » cours avec cette classe de première. Ensuite, ce sera atelier de révisions, et les échéances de fin d’année. Je n’ai rien eu le temps de faire avec eux, qui sorte du programme. « J’ai l’impression qu’on n’a fait que des lectures linéaires, tooooooute l’année », soupire Kara en passant sa main dans l’herbe.

Parce que je leur ai offert ça. Juste ça. Pour cette dernière lecture linéaire, justement, on fait cours sur la grande place herbeuse qui se déploie habituellement sous nos fenêtres. Je déploie les mots, pour une dernière fois. « Ne regardez pas trop les notes que je vous ai données, essayez juste de lire au rythme de mes explications. »

C’est une étrange expérience, sous ce soleil de presque été. Je recours à quelques-unes des intonations apprises quand je racontais des histoires. Faire de cet exercice épouvantablement complexe et aride, pour une dernière fois, l’histoire d’un type qui se baladait le long d’une route de mots, jusqu’à l’épiphanie de son existence.
Je regarde les visages qui se concentrent où, juste, s’abandonnent à la petite musique de ma voix. Les doigts qui jouent avec un brin d’herbe, les regards qui errent sur la ligne des arbres, derrière.

Je ne peux pas leur offrir grand-chose en plus de mon cours, à ces lycéens, en cette fin d’année.

Enfin si. Un peu, juste un petit peu, de douceur.

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