Samedi 7 septembre

L’un des aspects les plus déplaisants de ma personnalité – qui en comporte beaucoup – est ma propension à foutre des scories partout dans mon langage « tu sais… en fait ce que je veux dire… le truc c’est que… ». Et puis dire de la merde. Raconter des anecdotes débiles. J’use beaucoup trop le langage.

Sauf avec les élèves. Et surtout en début d’année.

Depuis quelques rentrée, je me rends compte à quel point ma façon de parler influe sur l’atmosphère qui règne dans la classe. Ça n’est pas juste le fait d’employer tel ou tel lexique, ou le ton. Non. Le choix des mots est infiniment important. Je tente de m’astreindre à parler clairement. Précisément. Une phrase, une information. Pas uniquement pour capter leur attention, qui nécessite d’être musclée tout au long du collège, mais aussi pour leur prouver – leur faire croire – que ma parole a du poids.
Dire uniquement ce qui importe. Éviter de multiplier les anecdotes, ou alors dans un contexte très précis. Dire ce que je fais et faire ce que je dis.

C’est assez terrifiant, en fait, et ça met une pression folle, les premières semaines. Mais comme le fait de vouvoyer les élèves m’a énormément apporté, cette précision à laquelle je m’astreins finit par porter ses fruits. Je ne suis crédible ni par mon attitude, ni par ma voix, ni par mes cours, je pense.

Alors il me reste la parole. Montrer aux élèves que les mots que je leur adresse sont précieux. Qu’ils importent. Et puis, au-delà de la construction d’une autorité quelconque, il y a une certitude, très prétentieuse. Celle que dans ce monde dans lequel le langage est abîmé et dévoyé, leur montrer qu’il peut encore être beau, et important, ça peut permettre de réparer.

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