Vendredi 11 octobre

Et puis il y a Shandris.

Depuis le début de l’année, Shandris parle peu. Elle reste au fond de la classe, elle participe rarement à l’oral. Elle reste silencieuse, couvrant le reste de ses camarades d’un regard pénétrant et légèrement inquiet. Il est rare qu’elle vienne poser de grandes questions philosophiques en fin de cours ou se fasse remarquer par une personnalité hors du commun.

Et pourtant, j’éprouve pour Shandris une affection immense.

Elle me comprend. Sans avoir énormément lu – elle me l’a avoué – ou avoir une culture énorme, elle saisit. Le moindre second degré, les moments d’émotions dans un texte. Les instants de cours primordiaux. C’est presque devenu un réflexe. Elle me jette un regard furtif, moi aussi. Pas de sourire de complicité, juste un très léger signe de tête. Et je sais que je retrouverai cet instant de connivence dans son évaluation ou dans un prochain écrit.

Cette gamine aux long cheveux châtain rigole des mêmes blagues que moi. Est sensible aux mythes et aux légende, est excellente dans l’identification des fonctions de l’adjectif, se goure souvent dans les participes passés. Je reconnais en elle mes force et mes faiblesses. Alors bien sûr. Ne pas projeter. Elle n’est pas mon élue, ni ma réincarnation. Elle est juste une gamine dont certains branchements au cerveau ont l’heur de croiser les miens.

Mais ça fait du bien. Une fois tous les cinq ou dix ans, se rendre compte qu’on n’est pas seul, dans ses méandres. Savoir que certaines et certains partagent notre monde intérieur. Et lui faire comprendre, silencieusement, que ça va aller.

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