Mercredi 18 décembre

Je suis heureux aujourd’hui. Très très heureux.

C’est le même collège, pourtant. Les mêmes difficultés que cette semaine. Les élèves épuisés, chancelant sous le poids de la fatigue et de leurs malheurs, souvent. Mais, chose rare, je parviens à être ma propre source de lumière. Et j’ai le temps, la ressource et la patience. Les cinquièmes Astronelle, un peu perplexes, finissent par arrêter de se détester, tandis que je continue à leur donner des conseils en chassant leur amertume d’un haussement d’épaule. Evilan, hyper-actif, hyper-agressif, hyper-sanctionné, doit assister à une intervention d’une heure, aujourd’hui. Une heure à écouter, assis sur une chaise. Une recette pour un désastre. Je lui file de quoi dessiner en lui demandant de faire un truc chouette pour les intervenants. Il rédige un résumé dessiné de ce qui a été dit, n’insulte absolument personne – une première depuis la rentrée d’octobre – et part en souriant. Les sixièmes Feunard jouent tous la petite scène qu’ils ont écrite à la manière de Molière. Même Jebediah, pour qui tout ce qui concerne le fait de parler en public est source de tension et de conflits.

Je regarde la matinée se dérouler et sait que cette invincibilité n’est que temporaire, qu’elle tient à quelque chose de si fugace, de si ténu. Bien sûr que mon bonheur m’importe. Mais je constate avec une surprise un peu naïve la force de son bénéfice secondaire : je suis capable de tellement plus apporter aux mômes quand je suis, oui, heureux. C’est d’une évidence affligeante.

Mais alors pourquoi, pourquoi on l’oublie aussi facilement ?

Mais alors pourquoi, pourquoi aujourd’hui était-il un miracle ?

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