Lundi 3 novembre

Je suis à vif.

Pour énormément de raisons, c’était l’état dans lequel je me suis trouvé durant les vacances. Un moment où tout m’a touché, en bien comme en mal. Un moment où j’ai ressenti, très intensément, pour le pire parfois, pour le meilleur souvent.

Mais je n’ai pas eu le temps de revêtir complètement mon armure. Je me retrouve, dans le froid glacial de la salle A25, le plastron de travers et le heaume en déroute, à tenter de me rappeler comment je parviens à être enseignant. Ce qu’il faut de recul et de distance, ce qu’il faut se protéger, pour parvenir à leur enseigner correctement, à tous ces êtres en formation. Choisir les bons mots et les bonnes réactions, trier leurs mouvements d’humeur de leurs appels au secours, les regarder, chacune et chacun.

L’être vulnérable et mou qui se dissimule sous le masque, sous la persona se rend compte de l’immensité de la tâche. Je tremble, j’ai peur. J’aimerais qu’une voix me raconte des conneries pour me faire oublier cette trouille, j’ai besoin d’un appui, d’un sourire.

Mais être adulte, avoir quarante-trois ans, exercer dans l’Éducation Nationale, c’est souvent être tout seul. Alors, en ce lundi, je chemine en serrant les dents. Parfois, les cris des élèves – ils reviennent des vacances ultra excités – rebondissent, là où la cuirasse a eu le temps de se refermer. Parfois, ça lance.

J’inspire. Je sais que même si j’ai l’impression que c’est l’éternité, même si je dégringole à tout jamais, ça n’est que temporaire. Ce sont, comme on dit, les risques du métier. C’est aussi ça, être en vie.

Courage.

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