Lectures de vacances – Vers la normativité queer

Je lis rarement des essais. Et je lis plus rarement encore des essais sur le queer. Pour énormément de raisons, je me suis penché très tardivement sur ce que je considère désormais comme une de mes communautés. Mais c’est une histoire pour une autre fois.
Peut-être est-ce pour cette raison que ce texte m’a enthousiasmé de prime abord : même si son auteur, Pierre Niedergang, avertit dans son introduction qu’il risque d’adopter une langue peu accessible, la majeure partie de son écrit m’a été intelligible et a servi, notamment dans son introduction, de cours accéléré sur l’état de la pensée queer sur ce sujet.
Mais c’est quoi, au fait, la normativité queer ? Pour faire simple, l’idée que cette communauté au sens large se défie des normes, qui ont énormément contribué à exclure les lesbiennes, les gays, les trans et nombres d’autres groupes à la sexualité marginale. Mais que pour continuer à construire et légitimer notre place dans la société, il devient important de construire de nouvelles normes, en interrogeant et critiquant celles qui nous gouvernent actuellement.
C’est à la fois la force et la faiblesse à mon sens de ce texte : il oscille entre philosophie, sociologie et politique “pure”, sans jamais choisir, ce qui affaiblit parfois le propos mais permet également de saisir les enjeux de cette question.
Car s’il s’agit d’un ouvrage exigeant, il ne devie jamais de son thème, et il est parfaitement possible d’en lire des fragments sans que la pensée ne se dilue. Une pensée qui ne sacrifie pas sa force et son sentiment d’urgence aux références universitaires. Être capable de recul critique face aux normes qui nous gouvernent, et prendre la responsabilité d’en construire d’autre en commun, sans complaisance : c’est à un travail d’intelligence et de long terme que Niedergang nous convie. Et il y résonne dans ses ligne le léger tic-tac d’une horloge pressée… Ou d’un engin explosif.
(Vers la normativité queer, par Pierre Niedergang, Éditions Blast)







