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Si un jour tu as envie d’égayer ton après-midi et que tu es de mes élèves, tu peux te livrer à un jeu amusant : reste silencieux, et convainc tes camarades de faire de même. Tu me verras basculer dans une spirale de plus en plus grotesque, durant laquelle je chercherai désespérément à vous faire réagir. Tout y passera : un surcroît d’explications, des exemples de plus en plus incongrus, de grands gestes des mains, des improvisations théâtrales.
J’ai tellement peur de votre silence.
Alors qu’il est tout ce qu’il y a de plus commun : la fatigue, le fait que mon cours soit pas top, que vous soyiez tout simplement attentives et attentifs, et j’en passe.
Mais j’ai tellement peur de votre silence.
Parce que dedans il y a tout ce que je crains : l’incompréhension, vous voir baisser les bras, le fait d’être devenu cette personne au cours desquels on assiste parce qu’on le doit, parce qu’on est juste poli.
Peut-être que je ne suis pas assez sûr de moi, trop égocentrique, trop auto-centré pour être enseignant. Je ne sais pas. Mais je ne sais pas comment le dire moins naïvement, plus franchement, plus honnêtement : j’ai besoin que vous soyiez là.