Samedi 7 octobre

L’autre jour, une phrase que je n’aime pas trop m’a échappée.

« Bon, après, on ne peut pas revoir l’utilisation du COD, c’est trop tard. »

C’est la fin, que je n’apprécie pas trop, le « c’est trop tard ». Bien entendu, ça me laisse toujours pantois de voir un élève de troisième capable de repérer une épanorthose dans un texte posé à cinq mètres de lui un soir de brouillard et continuer à demander si « Une partie », c’est un verbe. Ça me laisse pantois, mais je refuse de m’énerver à ce sujet. La tentation serait forte de blâmer, pour reprendre une connerie éternellement à la mode « la baisse du niveau », les téléphones portables, Tik Tok ou dieu sait quel sur lequel le Figaro s’indigne en ce moment.

De façon totalement empirique, j’ai plutôt tendance à croire que l’enseignement est de plus en plus chaotique. J’ai la sensation d’assister à une accélération frénétique des réformes de l’éducation, un manège pédagogique où il est aisé de se retrouver avec la tête qui tourne. La scolarité des élèves est faite de fragments plus ou moins disjoints (le confinement de 2020 ayant été un sacré coup dans cette fragile mosaïque). Alors oui. Ce qu’ils retiennent n’est pas cohérent.

Mais le savoir n’est pas une trajectoire à sens unique.

Et peut-être que cette étude de texte sera le moment où Olaf finira par piger le COD, parce que la famille du narrateur, dont on n’arrête pas de parler, elle est cachée dans le COD. Parce qu’il est dans une classe de 24 élèves et que j’ai le temps de le lui réexpliquer.

Nos élèves vivent une réalité de plus en plus chaotique. Nulle surprise que la construction de leur savoir le soit également. Nulle surprise qu’en tant qu’enseignants, on se retrouve un peu plus chaque jour à devoir faire des sauts périlleux pour offrir à chacun ce dont il a besoin.

Pas évident.

5 réflexions sur “Samedi 7 octobre

  1. Deuxième fois que tu parles d’épanorthose je crois, et deuxième fois que je cherche ce que c’est. J’imagine qu’on pourrait en faire un billet sur la construction chaotique de mon savoir d’enseignante en français, mais… je vais laisser ça au Figaro 😀
    Kalys

  2. Pourquoi ne pas reprendre une notion, ce qui serait sans doute bénéfique à plusieurs ?
    Je le fais sans arrêt, alors que j’enseigne en supérieur.

    • Je préfère le faire de façon individuelle. Le programme de 1ère en français est pléthorique (c’en est presque grotesque) et chaque heure de cours compte. Je tente donc de faire du cousu main afin de réussir à aider tout le monde, sans perdre de ce précieux temps. Pas facile, comme exercice de jonglage.

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