
Je déteste me sentir sale. Je donnerais n’importe quoi pour ne pas éprouver ce sentiment poisseux, dégueulasse, lorsque je me retrouve dans cette situation où j’ai été joué par un élève – une élève en l’occurrence – et qu’il faut traiter le sujet. La mettre en face de sa dégueulasserie. Ici, en l’occurrence, avoir en loucedé pris une photo de moi pendant le cours.
Elle ouvre de grands yeux, tente de nier, n’y arrive pas. Change de visage, pour qu’apparaisse le masque de l’ado boudeuse, que ça fait chier de s’être fait prendre en flag’.
Je déteste ça. À nouveau le conflit. À nouveau devoir trouver les mots tranchants, impitoyables. À nouveau, se rendre compte que ce rapport que tu crois avoir instauré avec les mômes ne repose sur rien, ou presque. Leur confiance est à la merci d’un moment de chaleur, de deux heures de cours un peu trop compliquées, des vacances qui arrivent.
Je déteste ressentir cette colère qui me dévore les entrailles dans la bagnole, et encore maintenant. Sentir que ce que j’ai construit, cru construire, c’est du coton. Et qu’importe si j’ai eu des cours merveilleux ce matin ? Qu’on a vachement avancé, que l’une des classes de première a des résultats exceptionnels ? Si ça se trouve, demain ce sera eux qui tenteront un truc pareil.
Vivement les vacances, tiens.